CAC40: réduit un peu ses pertes, les taux longs se dégradent
(CercleFinance.com) - La bourse de Paris va finir dans le rouge, probablement sur un repli supérieur à 1%.
Le CAC a inversé la vapeur ce mardi après avoir affiché un gain initial de +0,7% (culmination vers 8.110) : l'indice s'est replié de -1,5%, jusque vers 7.925 (-185Pts en ligne droite, soit plus de -2%) avant de limiter la casse à -1,2% vers 7.955.
L'Euro-Stoxx50 décrochait de près de -1,5% (vers 5.300) avant de remonter également vers -1,2%, subissant une accélération à la baisse un peu après 15H, Donald Trump annonçant par surprise doubler les tarifs douaniers de 25 à 50% sur l'aluminium, l'acier importés du Canada.
C'est peut-être une façon de tester Mark Carney, le futur 1er ministre canadien depuis ce lundi 9 mars qui avait promis -lors de sa campagne pour prendre la tête du parti libéral- d'appliquer des mesures strictement réciproques en termes de tarifs douaniers : il avait fait de son hostilité à Donald Trump (qui remonte à son 1er mandat) son principal argument politique.
L'annonce de l'hôte de la Maison Blanche casse net le rebond technique amorcé à 14H30 sur le Nasdaq (retombé de +0,6% vers -0,8% puis 0,00% à 16H45) : le S&P500 se replie de -0,6%, le Dow Jones de -1%... et le Russell-2000 qui perdait 0,7% (vers 2.005Pts) pourrait repasser en dessous du palier symbolique des 2.000 dès aujourd'hui.
Ceci éclipse la bonne surprise du rapport "Jolts" sur les offres d'embauche, avec un total de 7,74 millions de jobs disponibles contre 7,5 millions en décembre, et le nombre de licenciements se contracte (1,64 millions, ce total inclut les fins de CDD).
Pour rappel, hier, les marchés d'actions états-uniens ont essuyé leur pire séance de l'année, plombés par des commentaires de Donald Trump qui n'a pas exclu ce week-end une possible entrée en récession du fait de la "transition" économique opérée par son administration.
"Avec la pression qu'exerce le gouvernement américain en vue de réduire significativement les effectifs fédéraux (et les "gaspillages"), on est en droit de craindre une stagnation prolongée de l'activité", s'inquiète Quasar Elizundia, stratégiste chez Pepperstone.
Larry Fink, le patron de Blackrock s'inquiète de l'impact des renvois massifs d'étrangers sur l'activité de l'agro-industrie, sur le BTP (il cite la pénurie d'électriciens dans la construction de logements individuels, ce n'est qu'un exemple parmi d'autres).
Le basculement psychologique de l'excès de confiance vers le doute et la désillusion vient de franchir un nouveau palier : le repli amorcé depuis le 20 février était perçu comme l'opportunité de "faire les soldes".
Depuis lundi, l'impératif, devient "couper les pertes" alors que la vague de hausse post-7 novembre 2024 (qui a culminé le 19 février) s'est complètement retirée et que lourdes consolidations sur les "7 fantastiques" remplacent les gain engrangés durant 3 mois et demi.
Le Dow Jones a cédé 2,1% lundi soir, le S&P 500 a perdu 2,7% et le Nasdaq Composite a dévissé de 4% (pire séance depuis septembre 2022).
Plus spectaculaire encore, l'indice de volatilité VIX - souvent considéré comme un baromètre de la peur - a bondi de +19% (lundi) et de +6% ce mardi vers 29,50, soit +25% en 48H et 100% depuis le 19 février.
Il se "calme un peu" ce soir avec une hausse ramenée à +2% vers 28,00.
Au-delà de l'annonce choc de Trump sur l'éventualité d'une récession américaine, les investisseurs apparaissent également de plus en plus préoccupés par un autre scénario défavorable, celui d'une "stagflation".
Le doublement des droits de douane annoncés ce mardi renforcement les anticipations inflationnistes (de récents indicateurs économiques publiés Outre-Atlantique ont en effet confirmé que les pressions persistent), sur fond de signes d'essoufflement de la croissance.
La prudence l'emporte à la veille de la publication de l'indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis, qui devrait montrer que l'inflation peine à refluer.
"A court terme, il demeure difficile de conseiller d'acheter sur les points bas", estime Michael Brown, chez Pepperstone.
"De mon point de vue, une vision pessimiste se justifie sachant que les prévisions de croissance sont revues à la baisse, ce qui pèse sur les estimations de bénéfices des sociétés", ajoute l'analyste.
Le stratège de Pepperstone ajoute que l'incertitude entourant la politique de la Maison Blanche n'est pas compensée pour le moment par la perspective d'un soutien de la Fed.
La rencontre américano-ukrainienne prévue ce mardi en Arabie Saoudite devrait par ailleurs capter l'attention des intervenants.
"On espère que ces pourparlers seront plis productifs que la dernière visite de Zelenskyy à Washington, qui s'était soldé par une suspension de l'aide militaire et de la coopération en matière d'intelligence avec Kiev", indiquent les équipes de Danske Bank.
Le regain d'inquiétude sur le front économique incite les investisseurs à se réfugier sur les actifs les plus sûrs et notamment par un afflux d'achats des emprunts d'Etat, ce qui fait baisser leurs taux.
Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor à dix ans rebondit de + 4,2050% (après -10Pts la veille) vers 4,255%, soit +5Pts de base.
En Europe, le dix ans allemand poursuit sa flambée avec +4,5Pts vers 2,873%, nos OAT se tendent de +5,5Pts vers 3,593%
Sur le marché des changes, le dollar se fait laminer par le creusement du différentiel de rendement : l'euro prend encore 0,75% face au billet vert, et franchit les 1,09$ pour établir un nouveau zénith annuel à 1,0925.
Les cours du brut stagnent alors que les incertitudes sur la croissance américain s'ajoutent à l'augmentation de l'offre de l'Opep+, ce qui conduit les analystes de BofA à envisager un retour du Brent à 60 dollars le baril.
Le Brent avance toutefois 1,1% à 70 dollars, le WTI prend 1,7% vers 66,65$.
L'Or gagne 1% vers 2,915$, côté "cryptos", le Bitcoin a toutes les peine à "accrocher" la barre de 80.000$ (77.000 au plus bas la veille), l'Ethereum poursuit son dérapage, sous les 1.875$ désormais.
Dans l'actualité des sociétés tricolores, Maisons du Monde publie un résultat net de -115,3 millions d'euros au titre de 2024 contre 8,8 millions d'euros sur l'année précédente, avec une marge d'EBIT à 0,1% comparée à 4,1% en 2023, fortement impactée par la baisse des ventes.
Publicis Sapient, la filiale de transformation digitale du groupe Publicis, a annoncé mardi la signature d'une collaboration stratégique de cinq ans avec Amazon Web Services (AWS).
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