Kering: aurait débuté des discussions avec Moncler
Après l'OPA de LVMH sur Tiffany, Kering, qui avec Gucci connaît déjà bien l'Italie, va-t-il jeter son dévolu sur Moncler ? C'est Bloomberg qui indiquait cette information après avoir contacté plusieurs personnes proches du dossier. Capitalisant près de 11 milliards d'euros à Milan, la star locale des valeurs du luxe n'est pas sans attrait.
D'origine française, Moncler, le spécialiste des doudounes "haut de gamme", doit son succès actuel à sa reprise par Remo Ruffini, son patron, qui détient aussi environ 22% du capital. M. Ruffini a mis au point un modèle économique qui a permis à ce spécialiste du "soft luxury" de générer une impressionnante croissance ces dernières années : inférieur à 700 millions d'euros en 2014, le CA devrait, selon le consensus, dépasser 1,8 milliard d'euros en 2020. Sans oublier une marge opérationnelle proche de celle d'Hermès International, soit dans la région des 30%, alors que LVMH, lui, se situe plutôt dans la zone des 20%.
Globalement, Moncler profite de l'essor des vêtements de luxe décontractés (en clair, hors des costumes et autres tailleurs), plus tardif, mais non moins spectaculaire. Sa direction a su habilement l'exploiter en misant sur créativité de ses produits, en utilisant et en mettant en scène sa notoriété, en étendant ses gammes au-delà des produits hivernaux, ou encore en ouvrant des boutiques un peu partout, et notamment en Asie et dans les émergents.
Que Kering, dont Gucci est la marque amirale, mais concentre aussi la grande majorité des résultats, s'y intéresse, n'est pas étonnant. Moncler est la plus en forme des valeurs du luxe d'Italie, à la différence par exemple de Tod's. Elle est de bonne dimension et donc susceptible de diluer significativement Gucci. Reste à savoir combien Kering, dont la capitalisation est proche de 70 milliards d'euros, pourrait payer pour mettre la main dessus.
" Les marges de Moncler sont du même niveau que celles d'Hermès, mais l'interrogation porte davantage sur la capacité du groupe à maintenir une forte croissance " indique Aurel BGC.
" Pour trouver un accord il faudra notamment parvenir à convaincre Remo Ruffini le premier actionnaire (25% du capital) et artisan historique du redressement de Moncler." indique Invest Securities.
" Dans un environnement de taux bas, l'opération pourrait être relutive de +5% environ sur le BNA 2020 en tenant compte d'une prime de +30%. Les synergies pourraient en revanche être limitées, Moncler affichant déjà une marge d'EBIT de 30% " rajoutent les analystes.